
Maurice PELE fut coureur à l’époque des cuissards courts et des maillots en laine, à l’époque des Anquetil, des Robic et Sabinski, … des arrivées au son de l’accordéon, et de la liesse des spectateurs.Il s’éteint à l’âge de 92 ans ce 20 février 2021. Maurice restera une grande figure du cyclisme régionale des années 50. Il avait d’ailleurs pris sa première licence au Vélo Sport Mésanger et remportera l’une de ses premières victoires au grand prix d’Ancenis des débutants en 1947. Professionnel pendant plus de 5 années, il est l’homme aux plus de 350 victoires s’illustrant au Tour des Ardennes, Tour de l’Ouest, Circuit du Cher entre autres. Fidèle parmi les fidèles à ce sport qu’il adorait, il sera même vice président de la pédale nantaise pendant de très nombreuses années.Un hommage lui sera rendu jeudi en l’église de St Joseph de la PORTERIE à 10 heures.Nous adressons à sa famille et tout particulièrement à Bernard PELE son fils et notre trésorier au PAC 44 nos sincères condoléances.
Instants de vie …
En octobre 1953, lors du salon du cycle, Maurice est recruté par Raymond Louviot, le directeur sportif de l’équipe Gitane, dont le siège et la fabrique des cycles est à Machecoul. Il a comme équipier Jean Stablinski, Gaudin, mais aussi son ami Esnault. Avec Gitane il disputera alors toutes les grandes courses nationales. Il remportera la Classique Nantes-Angers-Nantes. la première partie de la course fut monotone, le tronçon du retour fut animé par Decaux, mais il sera repris dans le secteur vallonné d’Ancenis. Dans la côte de la Seilleray, Gaudin et Pelé se font la belle et ne seront plus revus. Dans le peloton, leur partenaire Jean-Marie Cieleska joue le jeu et met un point d’honneur à prendre la troisième place. Gitane remporte les trois premières positions et c’est Roger Provost, partenaire de Pelé à la Pédale Nantaise qui finit quatrième.
Dans le tour de l’Ouest, Pelé se comporte bien jusqu’à la 6ème étape Quimper-Lorient. Ce jour là une pluie glaciale s’abat la course et les abandons sont nombreux. Frigorifiés, Robic, Klablinski, Danguillaume, Prouzet et Pelé abandonnent en même temps. Pour les protégés du froid, un véhicule de la caravane leur fournit une couverture chacun pour leur permettre d’attendre la voiture balai déjà pleine. Le photographe du Miroir des Sports immortalisera la scène de ces cinq gars grelottants sur le bord de la chaussée. « Pourtant j’étais un coureur qui marchait sous la pluie, j’aimais ça ! Au départ, je me massais avec de la pommade chauffante et je m’enduisais d’huile camphrée. J’étais paré contre les intempéries »
Maurice Pelé rechigne à courir pour ne rien gagner. Il n’est pas du genre à se défoncer pour des coupes ou des médailles. Paris-Roubais et les courses sur les pavés, ce n’est pas son truc. De même dans les courses à étapes il n’est pas assez régulier pour faire un bon classement. Il préfère la saison des Pardons et choisit de résider pendant les trois mois d’été à Pleyber-Christ, le pays de Jean Bourlès. Il remportera le Grand Prix de cette localité à trois reprises.
En 1955, Il est au départ du Circuit de la Vallée de la Loire. C’est un peloton groupé qui se présente à l’arrivée à Saint-Joseph de Porterie, dans la banlieue nantaise. Un sprint serré s’engage alors et Pelé s’apprête à l’emporter lorsque soudain il déchausse de son cale pied et, déséquilibré il fait un soleil. Le vélo passe pardessus les ganivelles et les spectateurs puis notre nantais vient s’aplatir sur la ligne d’arrivée que franchi le premier son ami Esnault. Heureusement il y aura plus de peur que de mal et Maurice sera classé second de l’épreuve. il gagne ensuite le Circuit du Cher à Charost et le Circuit du Finistère à Morlaix, à huit jours d’intervalle et chaque fois en solitaire. Dans cette dernière épreuve il fait montre de sa classe. Il pleut des cordes toute la course disputée sur plus de 300 kilomètres, mais il arrive en solitaire devant Gaudot et Ruffet. Cette course reste une de celle qu’il préfère dans son palmarès, car c’est au courage, avec ses tripes, qu’il a terminé en vainqueur devant le café La Terrasse de l’ancien professionnel Franck Le Bozec. Ces deux victoires le qualifient pour le championnat de France, mais il n’ira pas le disputer.
Dans Paris-Limoges il fait partie de la bonne échappée et il entre en troisième position sur le vélodrome, mais il est pris dans une chute et termine 5ème battu par Louis Capus, le grand champion belge Albéric Shoote et Maurice Quentin.
En 1956, il n’est pas conservé par Gitane et rejoint l’équipe Quimperoise Arrow. Sous le maillot vert pomme, il finit second de Paris-Bourges remporté par son équipier Job Morvan. La veille Maurice remporte le Critérium de Morlaix bien aidé par Job qui lui a emmené le sprint. Le soir même ils prennent le train pour Paris où ils arrivent dans la nuit pour prendre le départ en direction de Bourges distant de 300 kilomètres. Job a fait le plus gros du travail dans l’échappée ou ils se retrouvent tous les deux et c’est en toute logique que Maurice contrôle ses adversaires lorsque le breton s’en va seul pour la victoire. Il prendra néanmoins la deuxième place en gagnant le sprint des poursuivants.
Les deux hommes sont à nouveau réunis pour le Tour de l’Ouest dont les leaders sont le Morbihannais et André Ruffet. Dans la 4ème étape, Lisieux-Granville, il attaque presque dès le départ, mais se fait reprendre. Il doit attendre le début de l’après-midi pour remettre ça avec cette fois le bonheur d’appartenir à la bonne échappée lancée par Nauleau dans la difficile côte de Coutances. Maurice Pelé se dépense beaucoup pour creuser l’écart et il ne peut accompagner Job Morvan son leader pour lequel il coupa les relais. En fin de course, sa pointe de vitesse est émoussée mais il termine quand même 8ème de l’étape devant le futur vainqueur de ce Tour de l’Ouest, le belge Rik Van Steebergen.
En 1957, il se classe 3ème de Bordeaux-Saintes battu par André Lesca et Jacques Blanco. Pour ne pas rester sur un échec, il retourne sur la course l’année suivante et cette fois il triomphe devant le vainqueur de l’année précédente et Guy Planas. Par sécurité, il n’a pas voulu prendre le risque du sprint. Pendant la course, il n’arrêtait pas de dire à son ami Esnault « J’ai la pêche, j’ai la pêche » et il a su gicler au bon moment pour aller chercher la victoire. Tout au long de ce parcours vallonné il s’était senti la « socquette légère » et n’avait pas craint le coup de pompe. Il a démarré dans le dernier kilomètre et a résisté jusqu’au vélodrome de Bellevue. Une victoire qui reste l’un des plus beaux fleurons de son palmarès. Pourtant en ce début de saison son président de Club, Robert Hy a tenté de le faire revenir sur son choix de participer à la classique Girondine pour la Vallée de La Loire dont il est l’organisateur. Contre l’avis de ses dirigeants, Maurice ira seul par le train pour ce qui reste l’une des plus belles pièces de son palmarès.
Il dispute également, cette même saison, le Tour du Luxembourg du 13 au 16 juin pour une équipe Stella recomposée à cette occasion. Sur cette course, en forme de montagnes russes, les difficultés le conduisent à l’abandon tandis que son copain Esnault caracole en tête dans les cols. Quatre jours plus tard, il enchaine avec le Circuit des Ardennes dont il remporte la 2ème étape. Durant 100 kilomètres, Geneste et Platel mènent une longue échappée avant d’être rejoints à Montcy Saint Pierre par quatre hommes, Pelé, Tamburlini, Carrara et Modenèse. Ils ne seront plus repris par le peloton et sur le vélodrome de Charleville-Mézière, le nantais l’emporte assez nettement dans un rush final. Devant Modenèse , Carrara et Tamburlini. « L’épreuve était bien dotée en sponsor avec les bières La Salvia, l’apéritif Pernod et une fabrique de textiles, drap serviettes etc les établissements Riquets qui offraient au vainqueur un lot important de ses productions. J’en avais déjà ramené l’année précédente après ma victoire dans la première étape, mais en 57 j’en avais tellement que je n’ai pas pu tout mettre dans ma voiture » nous raconte Maurice.
En 1959, il ne trouve pas d’équipe pour l’accueillir et est maintenu professionnel dans l’effectif de l’UCPF qui regroupait les coureurs sans contrat. Le directeur sportif est Léo Véron. Dans cette équipe au maillot gris à bandes jaune, il n’y a pas de leader. Maurice y retrouve d’anciens compagnons de chez Stella en fin de carrière comme Marcel Dussault et Serge Blusson. Son apogée est maintenant passé, mais il reste toujours redoutable dans les courses régionales. De jeunes coureurs prometteurs comme Paul Lemétayer, Cyrille Guimard et Régis Delépine ont quelques fois du s’incliner devant le vieux briscard. Il remporte le Grand Prix de Guipavas et se classe second du critérium international du Petit Port à Nantes. Il n’est battu au sprint que par le rapide Joseph Groussard, mais devance le belge Sorgeloos, le lieutenant de Rik Van Looys, et l’Anglais Tom Simpsom. Une bonne journée pour le Nantais qui se classe également premier régional. Il renouvellera cette performance dans le critérium international à Chantenay en 1962, devancé par son ancien équipier de chez gitane, le nouveau
champion du monde Jean Stablinski. « Le père Bautru n’aurait pas aimé que je devance Jean pour la notoriété de son épreuve » nous avoue Maurice.
Maurice va continuer la compétition jusqu’en 1964 comme indépendant. Il remportera encore la belle Classique Rennes-Basse-Indre en 1963 devant Pierrick Tual, Delaporte et André Ruffet et quatre fois le Grand Prix de Montrevault. Surnommé par ses amis « J’ai la pêche » depuis sa victoire dans Bordeaux-Saintes, Maurice restera une grande figure du cyclisme Nantais.
Après ses années de compétitions, il est resté fidèle à son club, la Pédale Nantaise. Il en a même été le vice-président pendant plusieurs années. Avec 50 licences de dirigeant et celles comme coureur cela fait 64 années passées au service du Club Nantais. Je pense qu’ils sont peu nombreux en France à pouvoir prétendre à une telle fidélité au service de ce sport.
Atteint de la maladie d’Alzheimer, il a passé ses dernières années à l’EHPAD d’Orvault avant de terminer sa course à l’âge de 92 ans, le 20 février 2021.
Botherel, Esnault, Pelé
Palmarès Maurice Pelé :
Débutant
1947 – 1er Grand Prix de l’Ascension à Fay de Bretagne
- 1er Grand Prix Renault à Nantes
- 1er Grand Prix d’Ancenis des débutants
- 1er Grand Prix Mancé en Mayenne
- 1948 – 1er Montrevault
- 1er du Critérium Fantomas
- 9ème du Prix de Maumusson
Indépendant : Equipe Stella
- 1949 – (Service National)
- 1950 – 3ème Prix des Vignerons à Saumur – 4ème Petit Prix de Mauves sur Loire
- 1951 – 1er Grand Prix de l’Equipe – 1er Angers-Tours-Angers
- 1947 : seconde victoire Grand Prix Renault à Nantes
- – 1er Championnat d’Anjou des Sociétés CLM avec la Pédale Nantaise – 1er Prix Michelet à Nantes
- – 1er Grand Prix du Pays de Retz (2ème de la première étape) – 2ème Prix de Sablé
- – 3ème Deux jours de Soudan
- – 4ème Championnat de France des Sociétés CLM avec la P.N. – 5ème Nantes-Saint-Nazaire-Nantes
- – 5ème Grand Prix de Clohars-Carnoet
- – 6ème Prix de la Ville d’Angers
- – 6ème Grand Prix des Monts d’Arrée
Indépendant : Equipe Continental
- 1952 – 1er Championnat d’Anjou sur routes au Mans
- 1er Championnat d’Anjou des Sociétés CLM avec la PN – 1er Prix des Commerçants de la Doutre à Angers – 1er Grand Prix de l’Elorn à Landivisiau
- 1er Grand Prix International de Scaër
- 1er Grand Prix Le restif à Plancoët
- 1er du Grand Prix de la Pentecôte à Saint-Herblain – 2ème Etape Dinan-Pouzauges (Route de France)
- 2ème Etape Cognac-Arcachon (Route de France)
- 10ème Route de France au Général
- 2ème à Plougasnou
- 2ème à Scrignac
- 3ème Grand Prix de la ville de Tours
- 10ème Championnat de France sur route des
Indépendants
- 1951 : GP de Riaillé avec Yves Robert
Indépendant : Equipe Continental
- 1953 – 1er Grand Prix du Débarquement à Saint-Lô
- 1er Prix des Perreyeux à Trélazé
- 1er Prix de la Chalouère à Angers
- 1er Circuit de l’Evre
- 2ème Championnat d’Anjou des Sociétés CLM avec la PN – 2ème Prix de Mouzeil
- 2ème à Pont Croix
- 2ème à Pleyber Christ
- 3ème à Saint Pol de Léon
- 3ème Moisdon la Rivière
- Participation au Tour de la Manche
Professionnel : Gitane – Hutchinson
- 1954 – 1er Nantes-Angers-Nantes
- 1er Saint-Louis
- 1er Première étape du Tour de Champagne
- 1er Circuit des Deux Baies à Carentec
- 1er Prix de Saint-Thois
- 1er Prix de Saint-Thurien
- 1er Circuit des Deux Ponts à Penzé
- 1er Saint-Lô
- 2ème à La Feullée
- 3ème Critérium de Callac
- 3ème à Pouldlmezeau
- 3ème à Saint Trégonnec
- 7ème Grand Prix de la Ville de Nantes
- Abandon 6ème étape du Tour de l’Ouest
Professionnel : Gitane – Robic
- 1955 – 1er Circuit du Cher
- 1er Circuit du Finistère
- 1er de la première étape du Circuit des Ardennes – 2ème Circuit e la Vallée de la Loire (1er Esnault) – 4ème Tour de Champagne
- 5ème Paris-Limoges
Professionnel : Arrow
- 1956 – 1er Circuit du Viaduc à Morlaix
- 1er Brest
- 1er Saint Eutrope
- 1er Prix de Pleyber-Christ
- 1er Circuit des Ailes à Guipavas
- 1er Prix de Plounéour-Ménez
- 13 avril 1953 : Lann Bihoué –CLM Pédale Nantaise (Esnault – Pelé – Provost et Delamarrehors photo)
- 1er à Sizurn
- 2ème Paris-Bourges
- 3ème à Saint Trégonnec
- 8ème de la 4ème étape (22ème du Tour de l’Ouest)
- 1956 : vainqueur Critérium de Morlaix, la Veille de Paris-Bourges
Professionnel : Arrow
- 1957 – 1er de la 1ère étape des Deux Baies à Carantec – 1er Pontivy
- 1er Prix de Pleyber-Christ
- 1er Lanhouarneau
- 3ème Bordeaux-Saintes
Professionnel : Stella
- 1958 – 1er Bordeaux-Saintes
- 1er de la 2ème étape du Circuit des Ardennes – 1er Championnat de la Pédale Nantaise
- 1er Prix de Pleyber-Christ
- Abandon Tour du Luxembourg
Professionnel : UCPF
- 1959 – 1er Circuit des Ailes à Guipavas
- 1er à Guiscriff
- 2ème à Bégard
- 2ème Critérium International du Petit Port à Nantes (1er Régional)
Indépendant
- 1960 – 1er à Ploubalay
- 1er de Nantes Teillé
- 1961 – 1er à Saint-Georges-sur-Loire
- 1er à Vannes
- 1962 – 1er à Redon
- 1er à Montmoulin
- 1er à Bigeard
- 1957 : 1er GP de Lanhouarneau
- 1959 : 2ème Petit Port derrière Hassenforder et 1erRégional
- 2ème Critérium International de Chantonnay (1er Stablinski)
- 1963 – 1er à Rennes-Basse-Indre
- 1er à Abbaretz
- 1964 – 1er à Montrevault
Fin de carrière
- 1962 : Chantonnay 2ème dernière Stablinski
- 1952 – Victoire au Prix de Scaër
- 1952 : 1er à Plebeyr Christ (départ devant la maison que lui avait trouvé Bourles pour la saison)
- 1952 : 1er GP de Scaër
- GP de Brigueuil le Chantre devant Gainche et Darrigade
- 1955 : vainqueur Circuit du Finistère
- 1955 : vainqueur Circuit du Cher –300km
- 1956 : 2ème Paris-Bourges
- 1956 : 22ème du Tour de l’Ouest
- 1957 : 1er GP de Lanhouarneau
- 1958 : 1er de la 2ème étape du Tour des Ardennes